Analysis of Les Choses

Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)



Non ! Ce n’est pas toujours le vent
Qui fait bouger l’herbe ou la feuille,
Et quand le zéphyr se recueille,
Plus d’un épi tremble souvent.

Soufflant le parfum qu’elle couve,
Suant le poison sécrété,
La fleur bâille à la volupté,
Et dit le désir qu’elle éprouve.

Certaines donnent le vertige
Par le monstrueux de leur air,
Engloutissent, pompent la chair,
Sont des gueules sur une tige.

L’eau rampe comme le nuage
Ou se darde comme l’éclair,
Faisant triste ou gai, terne ou clair
Sa rumeur ou son babillage.

Sans tous les jeux de la lumière,
Sans les ombres et les reflets,
Les rochers gris et violets
Se posturent à leur manière.

Tel pleure dans sa somnolence,
Un autre, sec comme le bois,
Aura cette espèce de voix
Qui fait marmonner le silence.

L’âme parcourt comme la sève
Les objets les plus abîmés
Dans la mort, — ils sont animés
Pour tous les organes du rêve :

Pour ceux-ci, l’exigu, l’énorme
Existent par le frôlement,
La couleur, le bruissement,
Par la senteur et par la forme.

Nous pensons que les choses vivent…
C’est pourquoi nous les redoutons.
Il est des soirs où nous sentons
Qu’elles nous parlent et nous suivent.

Par elles les temps nous reviennent,
Elles retracent l’effacé,
Et racontent l’obscur passé
Comme des vieux qui se souviennent.

Elles dégagent pour notre âme
Du soupçon ou de la pitié,
Paix, antipathie, amitié,
Du contentement ou du blâme.

À nos peines, à nos délices,
Participant à leur façon,
Suivant nos actes, elles sont
Des ennemis ou des complices.

Chacune, simple ou nuancée,
Émet de sa construction
Une signification
Qui s’inflige à notre pensée.

Plus d’une, à force de confire
En tête à tête avec le deuil
Prend la figure du cercueil
Et de la Mort pour ainsi dire.

Comme une autre, usuel témoin
D’une allégresse coutumière,
Met du rire et de la lumière,
De l’hilarité dans son coin.

Les saules pleureurs se roidissent
Dans l’éplorement infini,
La branche d’orme vous bénit,
Les bras des vieux chênes maudissent.

L’une a l’allure prophétesse,
Une autre exprime du tourment ;
Toutes rendent le sentiment
De la joie ou de la tristesse.

Celle-là que maigrit, allonge,
La crépusculaire vapeur,
Revêt le hideux de la peur
Et le fantastique du songe

L’assassin voit la nue en marbre
S’ensanglanter sur son chemin,
Et la hache grince à la main
Qui lui fait massacrer un arbre.

Souvent, l’aube lancine et froisse
Le remords avec sa fraîcheur,
Et la neige avec sa blancheur
Épand des ténèbres d’angoisse.

Si par son aspect telle chose
Toutes les fois ne nous dit rien,
À chaque rencontre d’où vient
Que notre œil l’évite ou s’y pose ?…

Notre intelligence retorse
Déshonore leur don brutal
En prêtant son savoir du mal
À ces aveugles de la force.

Hélas ! pour combien d’entre celles
Qui sont barbares par destin,
L’homme n’a qu’un but qu’il atteint :
Les rendre encore plus cruelles !

Que ce sentiment vienne d’elles
Ou leur soit supposé par nous,
On leur trouve un semblant jaloux
Quand nous leur sommes infidèles.

On le sent : comme à l’innocence
On leur doit pudeur et respect,
Et l’on offense leur aspect
Par la débauche et la licence.

L’âme habite bloc et poussière :
Toute forme d’inanimé.
Son frisson y bat renfermé
Comme le cœur de la matière.

Et, de leur air doux ou farouche,
Indifférent ou curieux,
Semblant nous regarder sans yeux,
Et nous interpeller sans bouche,

Comme nous, ces sœurs en mystère,
En horreur, en fatalité,
Reflètent pour l’éternité
L’ennui du ciel et de la terre.


Scheme ABBA CDAC EFFE EFFE GHHG HHHH CHHC IAAI AHHA AXHA DAAD HJAH DXJD FBBX JGGX AJXA HAXH EFFE FJXF HFFH HJAH HBBH HXAH HHHH HKKH GIIG LHHL GAAX
Poetic Form Quatrain  (79%)
Metre 1111101 1111111 1101111 111101 10111 1010111 111111 1101111 1101 101111 1111 111111 11101 111111 1111111 11111 11111111 111111 1111100 111101 1111100 111101 1011111 111010 1111111 1111111 1111111 1111111 111111 0101011 1101 1111111 111111 11111 10111111 111111 111111 111 1111 111111 1111101 1111111 111 111111 11111 0100111 11111 11111 110111 111010 11 111011 11111 11111101 111011 1111111 111111 11111 11111111 11111 11111 1111 111111 1111111 10111 11111 110100 1111111 11111 1111 1101111 10111 111111 1111 111111 1101111 11111 011111 111111 111111 111111 1111111 1111 110111111 1001001 111110 1111111 11111 111111 111110 111111 11111 1110011 111111 111111 111111 10111 1111101 110111 11111110 1111111 111 11111 10111111 1111111 1111 11111 11111 11111111 1111 11111 11111110
Closest metre Iambic pentameter
Characters 3,491
Words 588
Sentences 30
Stanzas 28
Stanza Lengths 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4
Lines Amount 112
Letters per line (avg) 23
Words per line (avg) 5
Letters per stanza (avg) 93
Words per stanza (avg) 21
Font size:
 

Submitted on May 13, 2011

Modified on March 05, 2023

2:56 min read
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Maurice Rollinat

Maurice Rollinat was a French poet. more…

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    Style:MLAChicagoAPA

    "Les Choses" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 27 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27842/les-choses>.

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