Analysis of Jalousie féline
Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)
Cependant que juché sur l’un des hauts divans
Le chat jaune poussait de ronronnantes plaintes,
Dans un boudoir gorgé de parfums énervants,
Je veillais la très chère à genoux et mains jointes,
Et mon baiser rôdeur, papillon de ses seins,
Effleurait leurs contours et vibrait à leurs pointes.
Vierges des nourrissons, vampires assassins,
Ils étaient froids et durs comme des pommes vertes
Et plus blancs que le cygne errant sur les bassins.
Voluptueusement elle dormait, et certes,
Jamais femme n’aura, pour mordiller l’amant,
Les dents que laissaient voir ses lèvres entrouvertes.
Très blanche, comme pour un enlinceulement,
Sa robe la couvrait d’un brouillard de guipure,
En sorte que les seins étaient nus seulement.
Et les reflets de l’âtre en livide jaspure
Rampaient sur le divan d’où le chat regardait
Cette gorge d’amour aussi belle qu’impure.
Même dans le sommeil profond elle gardait
Sa morgue ! et telle était sa magique attirance
Qu’irrésistiblement tout mon être y tendait.
Voilà pourquoi je vis avec indifférence
L’œil toujours si câlin du gigantesque chat
Se charger tout à coup de haine et de souffrance
Ô langueur criminelle indigne de rachat !
Je ne pris nulle garde à la jalouse bête,
Quand il aurait fallu que ma main l'écorchât !
En vain, il se tordait les yeux hors de la tête,
En vain, il écumait fou de rage, en grinçant
Comme une girouette au fort de la tempête ;
Je fus aveugle et sourd pour lui ! tout languissant
D’amour et de sommeil, j’accrochais mon extase
À ces deux bouts de seins plus rouges que du sang.
Et je bâillais, râlant je ne sais quelle phrase,
Lorsque soudain je vis le chat jaune vers nous
Ramper lentement comme un crapaud dans la vase.
Oh ! ces poils hérissés ! ces miaulements fous !
— Mais la chambre devint ténébreuse et mouvante,
Puis, plus rien ! et je dus m’endormir à genoux.
Et la paix du cercueil hantait ma chair vivante
Lorsque je fus tiré de ce fatal sommeil
Par un cri surhumain d’horreur et d’épouvante !
Oh ! maudite la lune et maudit le soleil !
Que sous l’homme à jamais la terre se dérobe !
Pourquoi donc pas la mort, plutôt que ce réveil !
— Là, hurlant de douleur, pâle dans une robe
De pourpre, ensanglantant la neige des coussins,
Rachel se débattait sous la bête hydrophobe
Qui miaulait en lui déchiquetant les seins !
Scheme | AAA AAA AAA ABA BCB CBC BAB ABA BBB BBB BAX AAA ABA BDB DED EAE A |
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Poetic Form | |
Metre | 11111111 0111111 11111011 11111111111 111111111 1111111 11110010 111111111 111101010111 11111 111111 111111111 1111111 111110111 11111111 111111111 110011011 1101111 11101111 11111111 1111111 1111111 111111111 1101111111 11111 111111111 1111111111 111111111111 1111111111 111111111 1111111011 01111111 1111111111 11111111111 111101111 11111111 111111111 111111111 11111111 111111111 111111101 11111111 111111001 1111110111 11111111111 111110111 1111111 1011111111 111101111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,333 |
Words | 389 |
Sentences | 24 |
Stanzas | 17 |
Stanza Lengths | 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 3, 1 |
Lines Amount | 49 |
Letters per line (avg) | 36 |
Words per line (avg) | 8 |
Letters per stanza (avg) | 104 |
Words per stanza (avg) | 24 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:57 min read
- 70 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Jalousie féline" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 14 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27543/jalousie-f%C3%A9line>.
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