Analysis of L'Homme et les Dieux
Henri de Regnier 1864 (Honfleur) – 1936 (Paris)
La terre est chaude encor de son passé divin.
Les dieux vivent dans l’homme, ainsi que dans le vin
L’ivresse couve, attend, palpite, songe et bout
Avant de se dresser dans le buveur debout
Qui sent monter en lui, de sa gorge à son front,
Et d’un seul trait, sa flamme brusque et son feu prompt.
Les dieux vivent en l’homme et sa chair est leur cendre.
Leur silence prodigieux se fait entendre
A qui sait écouter leurs bouches dans le vent.
Tant que l’homme vivra, les dieux seront vivants ;
C’est pourquoi va, regarde, écoute, épie et sache
Voir la torche éclatante au poing que l’ombre cache.
Contemple, qu’elle fuie ou qu’elle dorme, l’eau,
Qu’elle soit source ou fleuve et fontaine on ruisseau,
Jusqu’à ce que s’étire ou se réveille en elle
La Naïade natale et la Nymphe éternelle.
Observe si longtemps le pin, l’orme ou le rouvre
Que le tronc se sépare et que l’écorce s’ouvre
Sur la Dryade nue et qui rît d’en sortir !
L’univers obéit à ton vaste désir.
Si ton âme est farouche et pleine de rumeurs
Hautaines, tu verras dans le soleil qui meurt,
Parmi son sang qui coule et sa pourpre qui brûle,
Le bûcher toujours rouge où monte encor Hercule,
Lorsque tressaille en nous, en un songe enflammé,
La justice pour qui son bras fort fut armé.
C’est ainsi que dans tout, le feu, l’eau, l’arbre, l’air,
Le vent qui vient du mont ou qui va vers la mer,
Tu trouveras l’écho de ce qui fut divin,
Car l’argile à jamais garde le goût du vin ;
Et tu pourras, à ton oreille, entendre encore
La Sirène chanter et hennir le Centaure,
Et, quand tu marcheras, ivre du vieux mystère
Dont s’est paré jadis le passé de la terre,
Regarde devant toi ce qui reste de lui
Dans la clarté de l’aube et l’ombre de la nuit,
Et sache que tu peux, au gré de ton délire,
Faire du bouc barbu renaître le Satyre,
Que ce cheval, là-bas, qui peine sous le joug
Au dur sillon, si tu le veux, peut tout à coup,
Frappant d’un sabot d’or la motte qu’il écrase,
Aérien, ailé, vivant, être Pégase :
Car tu es homme et l’homme a gardé dans ses yeux
Le pouvoir éternel de refaire des dieux.
Scheme | AABBCDEEFGHHIGIIEEEEGBIIJJEEAAEEEEIBEEKLGGGG |
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Poetic Form | |
Metre | 11001111111 1111111101 11011111 0111101011 111011011111 11111111111 111111110111 110111010 011111101 111101111 11111111 111111111 1111111 1111110111 111110111111 1110101111 0111011101 10111111111 1111111111 1111111 1110111111 111100111 11111111110 0111111011 11111111 1101111111 1111101111 011111111111 111111111 111101111 111110101 11111101 111111111 1111011110 111111110 1111111111 111111111110 111110101 1111111101 1111101111 11111111 0111111 11111101111 0111111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,123 |
Words | 383 |
Sentences | 11 |
Stanzas | 1 |
Stanza Lengths | 44 |
Lines Amount | 44 |
Letters per line (avg) | 35 |
Words per line (avg) | 9 |
Letters per stanza (avg) | 1,531 |
Words per stanza (avg) | 385 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:55 min read
- 80 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"L'Homme et les Dieux" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 5 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/17213/l%27homme-et-les-dieux>.
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