Analysis of Vers le cloître
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Je rêve une existence en un cloître de fer,
Brûlée au jeûne et sèche et râpée aux cilices,
Où l'on abolirait, en de muets supplices,
Par seule ardeur de l'âme, enfin, toute la chair.
Sauvage horreur de soi si mornement sentie !
Quand notre corps nous boude et que nos nerfs, la nuit,
Jettent sur nos vouloirs leur cagoule d'ennui,
Ou brusquement nous arrachent à l'inertie.
Dites, ces pleurs, ces cris et cette peur du soir !
Dites, ces plombs de maladie en tous les membres,
Et la lourde torpeur des morbides novembres,
Et le dégoût de se toucher et de se voir ?
Dites, ces mains qui regrettent l'ancien vice
Et qui cherchent encor aux rondeurs des coussins
Et des toisons de ventre et des grappes de seins
Et de moites chaleurs pour le songe complice ?
Je rêve une existence en un cloître de fer,
Brûlée au jeûne et sèche et râpée aux cilices,
Où l'on abolirait, en de muets supplices,
Par seule ardeur de l'âme, enfin, toute la chair.
Et s'imposer le gel des sens quand le corps brûle ;
Et se tyranniser et se tordre le coeur,
- Hélas ! ce qui en reste - et tordre, avec rancoeur,
Jusqu'au regret d'un autrefois doux et crédule.
Se cravacher dans sa pensée et dans son sang,
Dans son effort, dans son espoir, dans son blasphème ;
Et s'exalter de ce mépris, pauvre lui-même,
Mais qui rachète un peu l'orgueil d'où l'on descend.
Et se mesquiniser en pratiques futiles
Et se faire petit et n'avoir qu'âpreté
Pour tout ce qui n'est point d'une âcre nullité
Dans le jardin fané des floraisons hostiles.
Je rêve une existence en un cloître de fer,
Brûlée au jeûne et sèche et râpée aux cilices,
Où l'on abolirait, en de muets supplices,
Par seule ardeur de l'âme, enfin, toute la chair.
Oh ! la constante rage à s'écraser, la hargne
A se tant torturer, à se tant amoindrir,
Que tout l'être n'est plus vivant que pour souffrir
Et se fait de son mal sa joie et son épargne.
N'entendre plus ses cris, ne sentir plus ses pleurs,
Mater son instinct noir, tuer sa raison traître,
Oh ! le pouvoir et le savoir ! Etre son maître !
Et les casser enfin, les crocs de ses douleurs !
Et peut-être qu'alors, par un soir salutaire,
Une paix de néant s'installerait en moi,
Et que sans m'émouvoir j'écouterais l'aboi,
L'aboi tumultueux de la mort volontaire.
Je rêve une existence en un cloître de fer.
Scheme | ABBC dded xbbx bbbb ABBC xxax xeed bddb ABBC eaae bffb axxa A |
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Poetic Form | |
Metre | 1111010111111 111111111111111 11111111 1111111111 10111111 110111111111 1111111010 11111 1111111111 111111111 1111111 101111111111 1111111 11111111 11111011111 11111011 1111010111111 111111111111111 11111111 1111111111 11011110110 11111101 1111111111 1011111111 1111111111 11101111111 11111111011 1111111111101 111111 111101111 11111011111 10101111 1111010111111 111111111111111 11111111 1111111111 11111111 011100111 111110111111 11111111111 101011111111 101101111011 1011011111 111111111 11111111 11111111 11111111 111111 1111010111111 |
Closest metre | Iambic heptameter |
Characters | 2,332 |
Words | 409 |
Sentences | 21 |
Stanzas | 13 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 1 |
Lines Amount | 49 |
Letters per line (avg) | 35 |
Words per line (avg) | 9 |
Letters per stanza (avg) | 131 |
Words per stanza (avg) | 32 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 2:11 min read
- 69 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Vers le cloître" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 21 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11405/vers-le-clo%C3%AEtre>.
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