Analysis of Les cathédrales
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Au fond du choeur monumental,
D'où leur splendeur s'érige
- Or, argent, diamant, cristal -
Lourds de siècles et de prestiges,
Pendant les vêpres, quand les soirs
Aux longues prières invitent,
Ils s'imposent, les ostensoirs,
Dont les fixes joyaux méditent.
Ils conservent, ornés de feu,
Pour l'universelle amnistie,
Le baiser blanc du dernier Dieu,
Tombé sur terre en une hostie.
Et l'église, comme un palais de marbres noirs,
Où des châsses d'argent et d'ombre
Ouvrent leurs yeux de joyaux sombres,
Par l'élan clair de ses colonnes exulte
Et dresse avec ses arcs et ses voussoirs
Jusqu'au faîte, l'éternité du culte.
Dans un encadrement de grands cierges qui pleurent,
A travers temps et jours et heures,
Les ostensoirs
Sont le seul coeur de la croyance
Qui luise encor, cristal et or,
Dans les villes de la démence.
Le bourdon sonne et sonne,
A grand battant tannant,
De larges glas qui sont les râles
Et les sursauts des cathédrales.
Et les foules qui tiennent droits,
Pour refléter le ciel, les miroirs de leur foi,
Réunissent, à ces appels, leurs âmes,
Autour des ostensoirs de flamme.
- O ces foules, ces foules,
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les pauvres gens des blafardes ruelles,
Barrant de croix, avec leurs bras tendus,
L'ombre noire qui dort dans les chapelles.
- O ces foules, ces foules,
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les corps usés, voici les coeurs fendus,
Voici les coeurs lamentables des veuves
En qui les larmes pleuvent,
Continûment, depuis des ans.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les mousses et les marins du port
Dont les vagues monstrueuses bercent le sort.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les travailleurs cassés de peine,
Aux six coups de marteaux des jours de la semaine.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les enfants las de leur sang morne
Et qui mendient et qui s'offrent au coin des bornes.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les marguilliers massifs et mous
Qui font craquer leur stalle en pliant les genoux.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les armateurs dont les bateaux de fer,
Fortune au vent, tanguent parmi la mer.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Voici les grands bourgeois de droit divin
Qui bâtissent sur Dieu la maison de leur gain.
- O ces foules, ces foules
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Les ostensoirs, qu'on élève, le soir,
Vers les villes échafaudées
En toits de verre et de cristal,
Du haut du choeur sacerdotal,
Tendent la croix des gothiques idées.
Ils s'imposent dans l'or des clairs dimanches
- Toussaint, Noël, Pâques et Pentecôtes blanches -
Ils s'imposent dans l'or et dans les bruits de fête
Du grand orgue battant du vol de ses tempêtes
L'autel de marbre rouge et ses piliers vermeils ;
Ils sont une âme en du soleil,
Qui vit de vieux décor et d'antique mystère
Autoritaire.
Pourtant, dès que s'éteignent les grands cierges
Et les lampes veillant le coeur des saintes vierges,
Un deuil d'encens évaporé flotte et s'empreint
Sur les châsses d'argent et les tombeaux d'airain ;
Et les vitraux, peuplés de siècles rassemblés
Devant le Christ - avec leurs papes immobiles
Et leurs martyrs et leurs héros - semblent trembler
Au bruit d'un train lointain qui roule sur la ville.
Scheme | axabbcbc dccc bebcbc cbbbeb fcbbbdbx BC bbb BC bbcb BC cc BC xf BC fb BC bb BC ee BC fx BC ebaab bbcbbxee bbcfbbex |
---|---|
Poetic Form | |
Metre | 1111010 111111 11010010 1111111 10111111 11111 1111 1110111 111111 111 011111 1110111 1111101111 111111011 111111 11111111 11111111 1111111 11111111 01011111 11 1011111 1111011 1111111 01111 0111 11111111 111111 111111 1110111111 111111 11111 11111 11111111111 1111111 1111111 1111111 11111 11111111111 111111111 111111 11111 11111 11111 11111111111 11111111 1111101 11111 11111111111 1111111 1111111111 11111 11111111111 11111111 1111111111 11111 11111111111 111111 1111111011 11111 11111111111 11111111 10111111 11111 11111111111 11101111 11111110111 11111 11111111111 11111101 11111 11111110 11111 1111111 11111111 0111111111 111111111111 1111111111 11111111 11111101 111111110111 1 111111111 111101111 11110111 11111101111 1111111111 1011111 1110111111 11111111111 |
Closest metre | Iambic hexameter |
Characters | 3,471 |
Words | 611 |
Sentences | 27 |
Stanzas | 25 |
Stanza Lengths | 8, 4, 6, 6, 8, 2, 3, 2, 4, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 2, 5, 8, 8 |
Lines Amount | 90 |
Letters per line (avg) | 29 |
Words per line (avg) | 7 |
Letters per stanza (avg) | 106 |
Words per stanza (avg) | 25 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 3:10 min read
- 112 Views
Citation
Use the citation below to add this poem analysis to your bibliography:
Style:MLAChicagoAPA
"Les cathédrales" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 6 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11269/les-cath%C3%A9drales>.
Discuss this Emile Verhaeren poem analysis with the community:
Report Comment
We're doing our best to make sure our content is useful, accurate and safe.
If by any chance you spot an inappropriate comment while navigating through our website please use this form to let us know, and we'll take care of it shortly.
Attachment
You need to be logged in to favorite.
Log In