Analysis of Le passeur d'eau
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Le passeur d'eau, les mains aux rames,
A contre flot, depuis longtemps,
Luttait, un roseau vert entre les dents.
Mais celle hélas! Qui le hélait
Au delà des vagues, là-bas,
Toujours plus loin, par au delà des vagues,
Parmi les brumes reculait.
Les fenêtres, avec leurs yeux,
Et le cadran des tours, sur le rivage
Le regardaient peiner et s'acharner
De tout son corps ployé en deux
Sur les vagues sauvages.
Une rame soudain cassa
Que le courant chassa,
A flots rapides, vers la mer.
Celle là-bas qui le hélait
Dans les brumes et dans le vent, semblait
Tordre plus follement les bras,
Vers celui qui n'approchait pas.
Le passeur d'eau, avec la rame survivante,
Se prit à travailler si fort
Que tout son corps craqua d'efforts
Et que son coeur trembla de fièvre et d'épouvante.
D'un coup brusque, le gouvernail cassa
Et le courant chassa
Ce haillon morne, vers la mer.
Les fenêtres, sur le rivage,
Comme des yeux grands et fiévreux
Et les cadrans des tours, ces veuves
Droites, de mille en mille, au bord des fleuves,
Suivaient, obstinément,
Cet homme fou, en son entêtement
A prolonger son fol voyage.
Celle là-bas qui le hélait,
Dans les brumes, hurlait, hurlait,
La tête effrayamment tendue
Vers l'inconnu de l'étendue.
Le passeur d'eau, comme quelqu'un d'airain,
Planté dans la tempête blême
Avec l'unique rame, entre ses mains,
Battait les flots, mordait les flots quand même.
Ses vieux regards d'illuminé
Fouillaient l'espace halluciné
D'où lui venait toujours la voix
Lamentable, sous les cieux froids.
La rame dernière cassa,
Que le courant chassa
Comme une paille, vers la mer.
Le passeur d'eau, les bras tombants,
S'affaissa morne sur son banc,
Les reins rompus de vains efforts,
Un choc heurta sa barque à la dérive,
Il regarda, derrière lui, la rive :
Il n'avait pas quitté le bord.
Les fenêtres et les cadrans,
Avec des yeux fixes et grands
Constatèrent la fin de son ardeur ;
Mais le tenace et vieux passeur
Garda quand même encore, pour Dieu sait quand,
Le roseau vert entre ses dents.
Scheme | aaa baab acdaa aAd Bbaa bxab aad caaabbc Bbbb efafeeaa aAd axaggb aaddba |
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Poetic Form | |
Metre | 01111111 01111 11111011 11111011 111111 11111111 1111 111111 10111101 01111 1111111 1111 1111 10101 011111 1111011 11111011 11111 11111 01111111 11111 11111110 11111111111 1111011 10101 111111 111101 1111111 1111111 111111111 111 1111111 011110 1111011 11111 11111 11111 0111111 1111111 110111011 111111111 11011 111 11101111 01001111 11111 10101 111111 0111111 11111 1111110 11111111 11111011 111101 111111 1111011 1111111 101111 1011111111 0111011 |
Closest metre | Iambic pentameter |
Characters | 2,025 |
Words | 343 |
Sentences | 16 |
Stanzas | 13 |
Stanza Lengths | 3, 4, 5, 3, 4, 4, 3, 7, 4, 8, 3, 6, 6 |
Lines Amount | 60 |
Letters per line (avg) | 26 |
Words per line (avg) | 6 |
Letters per stanza (avg) | 118 |
Words per stanza (avg) | 26 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 30, 2023
- 1:48 min read
- 84 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Le passeur d'eau" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 1 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11247/le-passeur-d%27eau>.
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