Analysis of Le Cœur guéri

Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)



Celle que j’aime est une enchanteresse
Au front pudique, aux longs cheveux châtains ;
Compagne et sœur, ma muse et ma maîtresse,
Elle ravit mes soirs et mes matins.
Svelte beauté, sensitive jolie,
Elle a l’œil tendre et la taille qui plie ;
Moi, le suiveur des funèbres convois,
J’ai frémi d’aise au doux son de sa voix,
Et maintenant que l’amour m’électrise,
Toujours, partout, je l’entends, je la vois ;
Mon pauvre cœur enfin se cicatrise.

Geste pensif et qui vous intéresse,
Bouche d’enfant sans rires enfantins,
Étrangeté jusque dans la caresse,
Regards profonds, veloutés et lointains,
Joue inquiète et quelquefois pâlie
Par la souffrance et la mélancolie,
Tête française avec un air suédois,
Pied de gazelle, et jolis petits doigts
Par qui toujours la musique est comprise :
Aussi, je l’aime autant que je le dois,
Mon pauvre cœur enfin se cicatrise.

Elle a comblé mon esprit d’allégresse,
Purifié mon art et mes instincts,
Et maintenant, mon âme qui progresse
Plane au-dessus des rêves libertins.
Je suis calmé, je suis chaste ; j’oublie
Ce que je fus ! ma chair est ennoblie ;
Je ne suis plus le poète aux abois
Qui frissonnait d’horreur au fond des bois,
J’aime la nuit, qu’elle soit noire ou grise,
Et, bénissant le philtre que je bois,
Mon pauvre cœur enfin se cicatrise.

La destinée, hélas ! est bien traîtresse,
Mais je souris quand même à mes destins,
Car, dès ce jour, au lieu de ma détresse,
J’ai la saveur des mystiques festins.

Tout à l’amour qui désormais nous lie,
Avec l’espoir je me réconcilie ;
En vain l’ennui me guette en tapinois,
Je ne crains plus cet ennemi sournois :
Le bouclier contre qui tout se brise,
Je l’ai, pour vaincre au milieu des tournois !
Mon pauvre cœur enfin se cicatrise.

Je ne redoute aucun danger, serait-ce
L’Enfer lui-même ! à mes défis hautains
Satan se tait ! l’embûche qu’il me dresse
Je la découvre, et marche à pas certains.
Ma volonté germe et se multiplie ;
Les rêves bleus dont ma tête est remplie
Chassent au loin mes spleens et mes effrois
Pour me parler du Ciel à qui je crois,
Et je pardonne à ceux que je méprise,
Comme le Christ en mourant sur la croix ;
Mon pauvre cœur enfin se cicatrise.


Scheme aaaabbaaaaA aaaacbaaaaA aaaabbaaaaA aaaa cbaaaaA aaaabbaaaaA
Poetic Form
Metre 11100111 11111111 1111111111 1111111 111001 1011111111 1011111 1111111111 111111 1111111 1111111 1111111 11111 111110 0111111 1111111 1111111 111111111 11011111 111110101 11111101 1111111 10110111 1111110 111111 1111111 1111111 111111011 111101111 1111111 101111111 11101111 1111111 11011101111 111011111 11111111111 111111 1111111 111111 1111111 1111111 0111111 111110111 1111111 11111011 110111111 101111111 11111111 111111 11111111011 11111111 111011111 11111111 10111111 1111111
Closest metre Iambic hexameter
Characters 2,206
Words 372
Sentences 15
Stanzas 6
Stanza Lengths 11, 11, 11, 4, 7, 11
Lines Amount 55
Letters per line (avg) 30
Words per line (avg) 7
Letters per stanza (avg) 271
Words per stanza (avg) 64
Font size:
 

Submitted on May 13, 2011

Modified on March 30, 2023

1:51 min read
87

Maurice Rollinat

Maurice Rollinat was a French poet. more…

All Maurice Rollinat poems | Maurice Rollinat Books

3 fans

Discuss this Maurice Rollinat poem analysis with the community:

0 Comments

    Citation

    Use the citation below to add this poem analysis to your bibliography:

    Style:MLAChicagoAPA

    "Le Cœur guéri" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 26 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27706/le-c%C5%93ur-gu%C3%A9ri>.

    Become a member!

    Join our community of poets and poetry lovers to share your work and offer feedback and encouragement to writers all over the world!

    May 2024

    Poetry Contest

    Join our monthly contest for an opportunity to win cash prizes and attain global acclaim for your talent.
    5
    days
    20
    hours
    44
    minutes

    Special Program

    Earn Rewards!

    Unlock exciting rewards such as a free mug and free contest pass by commenting on fellow members' poems today!

    Browse Poetry.com

    Quiz

    Are you a poetry master?

    »
    "If ever two were one, then surely we."
    A Hilda Doolittle
    B Anne Sexton
    C Sylvia Plath
    D Anne Bradstreet