Analysis of En sortant du collège
Victor Marie Hugo 1802 (Besançon) – 1885 (Paris)
Puisque nous avons seize ans,
Vivons, mon vieux camarade,
Et cessons d'être innocents ;
Car c'est là le premier grade.
Vivre c'est aimer. Apprends
Que, dans l'ombre où nos coeurs rêvent,
J'ai vu deux yeux bleus, si grands
Que tous les astres s'y lèvent.
Connais-tu tous ces bonheurs ?
Faire des songes féroces,
Envier les grands seigneurs
Qui roulent dans des carrosses,
Avoir la fièvre, enrager,
Etre un coeur saignant qui s'ouvre,
Souhaiter d'être un berger
Ayant pour cahute un Louvre,
Sentir, en mangeant son pain
Comme en ruminant son rêve,
L'amertume du pépin
De la sombre pomme d'Eve ;
Etre amoureux, être fou,
Etre un ange égal aux oies,
Etre un forçat sous l'écrou ;
Eh bien, j'ai toutes ces joies !
Cet être mystérieux
Qu'on appelle une grisette
M'est tombé du haut des cieux.
Je souffre. J'ai la recette.
Je sais l'art d'aimer ; j'y suis
Habile et fort au point d'être
Stupide, et toutes les nuits
Accoudé sur ma fenêtre.
Elle habite en soupirant
La mansarde mitoyenne.
Parfois sa porte, en s'ouvrant,
Pousse le coude à la mienne.
Elle est fière ; parlons bas.
C'est une forme azurée
Qui, pour ravauder des bas,
Arrive de l'empyrée.
J'y songe quand le jour naît,
J'y rêve quand le jour baisse.
Change en casque son bonnet,
Tu croirais voir la Sagesse.
Sa cuirasse est un madras ;
Elle sort avec la ruse
D'avoir une vieille au bras
Qui lui tient lieu de Méduse.
On est sens dessus dessous
Rien qu'à voir la mine altière
Dont elle prend pour deux sous
De persil chez la fruitière.
Son beau regard transparent
Est grave sans airs moroses.
On se la figure errant
Dans un bois de lauriers-roses.
Pourtant, comme nous voyons
Que parfois de ces Palmyres
Il peut tomber des rayons,
Des baisers et des sourires ;
Un drôle, un étudiant,
Rôde sous ces chastes voiles ;
Je hais fort ce mendiant
Qui tend la main aux étoiles.
Je ne sors plus de mon trou.
L'autre jour, étant en verve,
Elle m'appela : Hibou.
Je lui répondis : Minerve.
Scheme | ABAB ABAB AAAA CCCC DEXX EACA ABAB ACAC BDBD AEAE BABA AAAA ACAC BABA AAAA BABA CXXE |
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Poetic Form | Quatrain (88%) |
Metre | 11111 1111 1111100 1110011 1111 11111111 11111111 11111111 11111 11111 1111 11111 11111 111111 111110 111110 11111 11100111 1111 111111 1111 111111 1111111 1111111 1111 11111 10111111 111111 11111111 1111111 11111 11111 1111 111 11111 10111 1011111 11111 11111 01111 11110111 11111011 111110 11111 1101110 11111 11111 11011111 101111 1111111 111111 111111 1101010 011111 1111010 1111110 1111 11111 11111 11111 11011 111111 11111 111111 1111111 11111 111 110111 |
Closest metre | Iambic tetrameter |
Characters | 1,987 |
Words | 340 |
Sentences | 24 |
Stanzas | 17 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4 |
Lines Amount | 68 |
Letters per line (avg) | 21 |
Words per line (avg) | 5 |
Letters per stanza (avg) | 86 |
Words per stanza (avg) | 20 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:50 min read
- 99 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"En sortant du collège" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 19 Apr. 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/37706/en-sortant-du-coll%C3%A8ge>.
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